Le tour de passe-passe!

Publié le par Jacquot

Par quel étrange tour de passe-passe idéologique Sarkozy, qui appelait, il y a moins d’un an, dans sa campagne, à “ liquider une bonne fois pour toutes ” l’héritage de mai 68, peut-il être aussi souvent présenté par des commentateurs prétendument avisés de ces événements comme un enfant, voire un héritier, de cette période historique ?

On prête certes ces temps-ci à Carla Bruni de grandes vertus transformatrices à l’égard de la personnalité présiden­tielle, mais de là à nous faire prendre l’enfant chéri du MEDEF pour un ado­rateur refoulé de la barricade révolution­naire, il y a comme qui dirait tromperie sur la marchandise. C’est pourtant ce genre de confusions, largement entrete­nues, qu’un véritable débat sur la nature de ces événements devrait s’employer à dissiper. Or, si les forces progressistes réellement attachées à prolonger la portée de ce mouvement unique en son genre ne s’en occupent pas, ce n’est pas gagné. Autrement dit, la mémoire de 68 est un enjeu historique et politique de première importance.

Il convient d’abord de réhabiliter un récit non édulcoré de ces événements. Nous en sommes loin. La singularité de Mai 68 en France est d’avoir été indisso­ciablement un mouvement étudiant et de la jeunesse radical ET une grève géné­rale ouvrière inégalée, tout autant une libération de la société qu’un affronte­ment de classe de très grande portée. La droite qui eut si peur hier de la conver­gence de toutes ces forces aimerait tant aujourd’hui pouvoir continuer à trier et à effacer de la mémoire collective ce qui la dérange.

Il importe aussi de s’attacher à rendre dans toute leur ampleur la visée émanci­patrice des idéaux qui agitèrent alors étudiants et salariés. Libération des mœurs et respect de la dignité des tra­vailleurs, pouvoir du peuple et primauté de l’individu… tout était mêlé dans cette vague qui allait changer la France. On voudrait aujourd’hui tout opposer, nous sommer de choisir quand il est au con­traire plus actuel que jamais de s’atta­cher à faire reculer toutes les formes de domination quelles qu’elles soient. De 68, il nous faudrait retenir la dimension jubilatoire pour laisser au vestiaire de l’histoire l’utopie anticapitaliste. Nous, nous voulons tout garder, pour tout repenser et tout réinventer. piquet-de-gr-ve---l--apec.jpg

Enfin, l’histoire politique de 68 mérite elle aussi d’être racontée, ses promesses comme ses occasions manquées. Mieux vaudrait éviter pour cela d’emprunter les sens uniques d’un anticommunisme his­toriquement daté, surtout quand les acteurs politiques de l’époque sont prêts à un débat lucide et sincère, sans tabou.

C’est en tenant compte de tout cela qu’on pourra ouvrir le débat comme il se doit et éviter qu’on nous raconte un peu trop d’histoires n

Publié dans Histoire

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Dans les histoires, il y en a de fausses, certes, mais aussi de très belles et des slogans que l'on oublie pas comme "L'IMAGINATION ETS AU POUVOIR" ...Je m'en suis fait un fil conducteur !Et jusqu'ici ça m'a réussi !LIZAGRECE
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